Notre ville
Mille ans d’Histoire : période infime pour le monde, mais riche d’évènements pour notre cité
Chères Tilliéroises, chers Tilliérois et chers Amis de passage,
Mille ans depuis la fondation de la cité de Tillières, quel âge respectable !
A la fois considérable à notre niveau, car cela représente une suite de plus de 40 générations qui ont donné vie à notre village et dont nous faisons partie ; infime, au niveau de l’humanité, notre histoire est riche d’évènements et associée largement à l’histoire de notre région Normande, à celle de la France ….
Tillières fut en effet le premier bastion construit en 1017 pour défendre la Normandie sur la ligne de la vallée de l’Avre ; quelques années après la fondation d’Ivry -la-Bataille sur la ligne de l’Eure sur la fin du Xème siècle.
Avec l’appui de ce livret, je vous souhaite de connaître un peu mieux notre histoire, d’avoir quelques repères sur les femmes et les hommes qui sont intervenus à Tillières et sur les événements qui ont marqués la vie de tous les jours…
L’occupation des territoires de chaque côté de l’Avre durant les périodes
paléolithiques et néolithiques fut probablement dense. Des vestiges de cette époque
ont été mis à jour, par exemple des monuments mégalithiques tels à Breuilpont, le
menhir de la Pierre Frite ; à Saint-Nicolas-d’Attez, la pierre de Gour ou à Acon, le
dolmen en vallée à proximité de l’église..
Les Seigneurs, qui se sont succédés à la garde de Tillières, devaient avoir des qualités
de stratèges et de chevaliers pour défendre la place et ainsi garder la confiance du duc de
Normandie et ensuite du roi de France.
Du fait de l’importance stratégique de la place et de la personnalité des
Seigneurs, Tillières a eu, pendant quelques siècles, un impact et une influence sur les villes
voisines.
Pendant plusieurs années, toute la vie des populations est centrée sur la guerre et ses
conséquences. En premier lieu, la difficulté d’avoir des nouvelles des 17 Tilliérois,
prisonniers de guerre en Bavière, Westphalie, Prusse, Palatinat, à qui sont faits des envois de
vivres ou de vêtements par le comité d’Evreux. Par ailleurs des prisonniers allemands sont
mis à disposition pour travaux divers, notamment des équipes agricoles en 1916-1917, contre
un versement de salaires au percepteur de Tillières.
L’instauration des cartes d’alimentation permet de réguler la consommation des
denrées essentielles à partager avec les personnes évacuées ou les étrangers tels que les 127
ouvriers grecs présents sur la commune. Ces mesures touchent principalement le pain, le
sucre, le charbon, le pétrole… Des réquisitions permettent de fournir de la nourriture au poste
militaire de la gare de Tillières ou de livrer des prestations à l’autorité militaire regroupées à
la gare de Verneuil telles que blé, farine, avoine, bêtes de boucherie, légumes secs, ….
Après guerre, sont instaurées des pensions militaires pour les soldats mutilés et les
veuves de guerre. Le titre de pupille de la nation est donné aux enfants orphelins. A Tillières,
en 1922, sont encore inscrits 7 pensionnés du fait de blessure ou de maladie.
S’ajoute la douleur des familles qui organisent des visites des tombes quand elles
existent ou qui demandent le transfert des corps. Ainsi, lors du retour des corps sous cercueil
plombé, sont inhumés dans le cimetière de Tillières, René Daudet, le 28 avril 1921, Charles
Drevet le 13 novembre 1921 et Robert Drevet le 23 avril 1922.
L’usine d’affinage de métaux non ferreux qui fournit des produits pour les armes
poursuit une activité soutenue avec un renfort de main-d’œuvre étrangère.
A Tillières, en 1926, sur une population recensée de 1.539 habitants, on compte 375
étrangers, dont 208 Grecs et Arméniens, 7 Espagnols, 39 Italiens, 17 Marocains, 14 Belges,
10 Polonais….
Notre Église
Nous utilisons fréquemment le terme de patrimoine religieux pour désigner l’héritage des générations passées : « ensemble des richesses culturelles accumulées par une société, une nation ou une région, et qui sont valorisées par la communauté » (Le Grand Robert).
Il serait possible de reprendre la longue histoire des populations en Normandie et d’envisager tout ce qui a pu se vivre autour de cet espace. C’est ce que propose le guide que vous avez entre les mains… Comment, à travers les vicissitudes de l’histoire, ce patrimoine nous indique-t-il un chemin d’humanité ?
Tillières est né avec la formation de la Normandie, l’Avre devenant une des frontières historiques
par le traité de St Clair sur Epte en 911.
L’Avre ( ar) signifie l’eau courante , le débit devait être beaucoup plus abondant, car il a été
réduit depuis 1893 par le captage des sources à Rueil la Gadelière (28) pour alimenter partiellement
Paris.
La situation de Tillières aux frontières en a fait un point stratégique pour la défense de la
Normandie, sur la ligne Verneuil/ Nonancourt ; avec au Sud, le Comté de Tours et le Comté de
Chartres et à l’Est , l’( Ile de) France. D’où la construction d’une forte tour entourée de murailles et
de tuiles vers 1017, sur un éperon de la plaine, par le duc de Normandie Richard II le Bon, grand
père de Guillaume le Conquérant, avec création d’une cité en vallée.
L’édification de la 1ère chapelle romane remonte à la fin du XI ème siècle, constituée d’une nef,
dont nous repérons les parties restantes, le portail, la fenêtre Est, le mur Nord, la chapelle St Louis
et les murs latéraux du chœur. Une charte de Guillaume le Conquérant de 1077 situe une chapelle
primitive St Nicolas, construction complémentaire de celle du château féodal.
L’art roman s’impose à l’occident, au moment de la fin des grandes invasions, après une période
de profonde torpeur qui avait immobilisé la création artistique ; le surplus de la production des
richesses est orienté principalement pour appuyer l’art sacré.
L’architecture gothique s’associe à l’ère de l’urbanisation, elle marque une intention collective
qui fédère l’ardeur de tous, monarque, seigneur, corporations, fidèles, tout le peuple de la ville,
même si le gothique flamboyant apporte un sentiment profondément individualiste qui autorise à
signer ses œuvres.
En final, une église ouverte au monde par sa situation centrale, par son accessibilité, accueillante à
notre humanité du moment. Notre sensibilité est touchée par le prodige technique, par la quantité et
la qualité de la matière ouvragée et par la finesse de chaque ouvrage.
Nous contemplons l’artiste dans le miroir de sa création. Le Corbusier disait : « Les murs
s’élèvent dans le ciel dans un ordre tel que je suis ému. Je sens vos intentions. Vous étiez doux,
brutal, charmant ou digne. Vos pierres me disent. C’est l’architecture. »
Nous réalisons que cet édifice surnaturel est bien une œuvre humaine, collective, avec tous les
aléas qui l’ont accompagnée, et qui, au final, a un sens.